Menchov remporte le Giro

photo: L'Equipe

Pour son centième anniversaire, le Giro s'est offert un final à couper le souffle. La pluie, qui avait abandonné un temps la capitale italienne, a fait sa réapparition dans les toutes dernières minutes, alors que l'on pensait Denis Menchov à l'abri. Avec 32" d'avance sur Danilo Di Luca au troisième pointage intermédiaire, le Russe avait éteint le feu allumé par son dauphin dans les premiers kilomètres. Auteur d'un départ canon, le natif des Abruzzes avait réussi à reprendre 5" à son rival après 3,3 km. Mais bien mieux posé sur son vélo - avec un guidon de triathlète - que son adversaire, Menchov, au coup de pédale toujours aussi fluide, a renversé la vapeur pour passer au 3e point intermédiaire dans le même temps qu'Ignatas Konovalovas, indéboulonnable leader depuis deux heures. Puis l'incroyable est survenu. Le Russe, dont la roue avant s'est dérobée sur la chaussée glissante, a chuté en pleine ligne droite et s'est affalé de tout son long sur les pavés.
Chute en pleine ligne droite

Chute en pleine ligne droite

Un peu groggy, le coureur de la Rabobank tenta de relever son vélo avant que son mécanicien ne lui vienne en aide en lui en apportant un autre. Menchov, le cuissard et le maillot rose élimés, est reparti mais a dû faire une croix sur la victoire d'étape, enlevée par Konovalovas, parti sur le sec. Une fois la ligne d'arrivée franchie, Menchov, qui a pris finalement la 10e place, à 24", a explosé de joie, dévoilant un visage plein de hargne qui témoignait bien de sa frayeur. Cette mésaventure finale donne un éclat supplémentaire à un succès indiscutable, tant le Russe aura posé sa patte sur ce Giro.

Vainqueur de la grande étape des Dolomites puis de l'effrayant contre-la-montre des Cinque Terre, il n'aura concédé du temps (24") que lors de la chute collective survenue lors de la 3e étape. Dans les dernières étapes de montagne, Menchov s'en est tenu à sa tactique, à savoir calquer sa course sur Di Luca, son plus sérieux rival. En parfait gestionnaire, le double vainqueur de la Vuelta (2005 et 2007) n'a jamais craqué sous la pression, celle de Di Luca ou celle venue d'Autriche avec l'annonce de sa possible convocation dans le cadre de l'affaire de dopage sanguin liée au laboratoire Humanplasma.
Garmin enrage, Cervélo engrange

Garmin enrage, Cervélo engrange

Si Menchov a manqué de très peu la victoire d'étape, c'est aussi le cas de Bradley Wiggins. Le rouleur de l'équipe Garmin, qui a achevé son parcours alors que la pluie avait fait une première apparition, a pris la deuxième place de ce contre-la-montre, à 1" seulement du vainqueur, le jeune Lituanien Konovalovas. L'équipe américaine, qui avait déjà manqué la victoire dans le contre-la-montre par équipes d'ouverture pour six secondes, achève donc ce Giro bredouille, avec quatre 2e places, dont deux pour son sprinteur Tyler Farrar. Pour l'équipe Cervélo, en revanche, ce Tour d'Italie se termine bien, et ce malgré la quatrième place de Carlos Sastre, qui échoue au pied du podium derrière Franco Pellizotti. Pour sa première saison, l'équipe suisse a réussi une belle moisson : deux étapes pour Sastre, une pour Simon Gerrans et la dernière pour Konovalovas, qui signe sa deuxième victoire chez les pros après un succès sur le Tour du Luxembourg. Sept équipes seulement se sont d'ailleurs partagées les bouquets sur ce Giro, avec six victoires d'étape pour le seul Team Columbia. Mais le rose, c'est un Rabobank qui l'a décroché.

Nicolas ROUYER - L' Equipe